On se dit donc que ça peut valoir le coup. Dans le petit comté de Neshoba (pas d'alcool s'il vous plait par ici, légalement du moins).
Une espèce de gros festival dans une forêt. A l'extérieur, des milliers de pick up dorment sagement en attendant que leur maître revienne de la fête. Tout le monde dort sur place. Les maîtres ? Uhu. Une immense majorité de bons paysans du Sud. Les fameux rednecks.
Fiers d'être sudistes (mais pas racistes, ne nous méprenons pas). Le drapeau confédéré est aussi bien arboré par les blancs que par les noirs.
Qui eux aussi ont des jolies bottes, et aiment le rodéo.
Et qui votent pour le même joyeux gouverneur, Haley Barbour, républicain.
Le concept de la 'foire' (fair) : gros rassemblement de joyeux Mississippiens autour de valeurs communes : l'amour du cheval, de la vache, de la musique country, du yodeling, l'amour de la famille, du petit Jesus. Des jolies filles (à droite, vous apercevez Miss Neshoba 2009, et à gauche, la princesse Choctaw, la tribu indienne du coin).
Voilà pour la partie folklo. Mais vous allez me dire, bordel. Que faisions nous là ?
Et bien dans le lot, il y avait également une espèce d'élite culturelle, vieilles familles démocrates qui ne rateraient la foire pour rien au monde. Capel en était. De même que son cousin, candidat malheureux au governorship de l'Etat.
En gros, ceux qui ne se prennent pas vraiment au sérieux, mais qui se marrent bien à la foire. Et qui pensent à l'européenne (très étrangement d'ailleurs, sur toutes les questions de société).
Frances (soeur de Capel)
Une partie du petit groupe, devant la cabine qui nous hébergeait (qui a dit que les filles du coin étaient vilaines ?)
Quatre jours de folie. Des rencontres féeriques. Le Youth Contest, où la jeunesse locale chante des chansons de messe, ou bien yodele avec classe.
Le soir, fête. Les bières sont finalement trouvables, malgré l'interdiction dans la région. Concerts de country magique (voyez la face de la tête d'affiche).

Danse. Danse avec les filles, ici, c'est du big deal. Ourf. Méfions nous donc.
Réveil 8h du matin par l'hymne américain.
Discussions passionnantes avec les gens du coin. Tout le monde sympathique. Les plus moustachus ne sont pas les moins sympas. Les gros républicains aiment autant la France que les autres (faut un peu brosser leur moustache américaine avant, malgré tout).
Bref.
5 jours de rêve. Dans la boue, mais crédieu. Quel visage étonnant de l'Amérique profonde et républicaine, étonnante, étonnamment sympathique et chaleureuse. A vous donner envie de vous arrêter là pour de bon.
Départ vendredi pour Orange Beach Alabama, concert de Willie Nelson et Bob Dylan.
Fatigue extrême.
Mais surtout, contraste. Bienvenue à Orange Beach, chez la Haute Nouvelle Riche blanche de l'Alabama. Ça sent le fric à mille mètres. Hello petit polo, hello petite raie sur le côté, hello petit short et petits bateaux. On se croirait... euh, vous savez, pas bien loin du centre de Paris. Ça pue le républicanisme qu'on n'aime pas, celui de ceux d'en haut.
On échange rapidement avec quelques passants. 'La Neshoba County Fair ? Haha, mes pauvres frenchies, désolé que vous ayez vu cette part là de l'Amérique, ces gens là ne savent pas se comporter".
Bande de blaireaux.
Retournez en enfer, avec votre bourgeoisie d'illétrés.
Aujourd'hui, Atlanta.
Retour sur New York.